Témoignage de Sœur Dominique

Dans la personne de Marie, qu’est-ce qui me fait vivre ?

Quand je pense à Marie, elle est d’abord pour moi la femme qui écoute la Parole de Dieu, qui obéit à ce qu’elle a entendu et compris. Sa vie intérieure est forte et riche : elle « médite en son cœur » la Parole de Dieu bien sûr, mais aussi les événements, tout ce qui lui arrive. J’aime dire que Marie est  une « ruminante », non à notre manière négative, mais de façon positive, pour « digérer » et intérioriser ce qu’elle vit, pour se tourner constamment vers Dieu.

De cette attitude intérieure naît la louange et l’action de grâce. Marie est la femme du Magnificat. Elle est tout entière tournée vers Dieu dont elle chante les merveilles. Elle ne s’arrête jamais à elle-même, elle ne se met pas en valeur, elle se tient dans le silence. Elle fait confiance à son Fils sans prévoir ce qu’il va faire, elle lui présente les difficultés des hommes. Cette attitude lui permet également de traverser l’épreuve dans la patience, en restant debout malgré la souffrance.

Marie, ma sœur aînée dans la foi par excellence, me tient par la main et m’apprend à vivre ma vie chrétienne en m’inspirant de ce qu’elle est. Elle m’apprend à écouter la Parole, à reprendre en mon cœur tout ce qui m’arrive pour y reconnaître l’action de Dieu. Elle m’invite à me décentrer de moi-même, à faire confiance au Père, à croire qu’il peut faire en ma vie et pour les autres de grandes choses si je l’accueille. Elle m’aide à traverser les moments difficiles dans la patience, à continuer d’espérer que Dieu agit pour me faire grandir quoi qu’il arrive.

Marie chante les louanges de Dieu. Son Magnificat retentit en moi comme le guide de la vraie prière, comme un chemin de conversion permanente. Aimant chanter comme elle, je retiens deux expériences fortes :

  • J’ai eu la joie de travailler deux airs du Magnificat du célèbre « théologien » Jean-Sébastien Bach : « et exultavit spiritus meus, in Deo salutari meo » et « quia respexit humilitatem ancillae suae ; ecce enim ex hox beatam me dicent ».

Ces deux petites phrases traduisent des attitudes spirituelles fondamentales : la première évoque l’exultation jaillie du cœur de celle qui a dit oui à Dieu, la deuxième exprime dans un mouvement descendant l’humilité de celle qui se sait qu’elle tirée de la terre, puis dans un mouvement ascendant sa certitude que tous les âges la diront bienheureuse à cause du don Dieu pour elle. Pour moi, le patient travail de ces mélodies difficiles pour la débutante que je suis, m’a aidée à entrer un peu plus, avec mon corps tout entier, dans ces deux attitudes fondamentales de Marie.

  • Marie est aussi celle avec qui je conclus ma journée : seule dans le silence de la nuit, je peux contempler l’icône de Marie, Vierge de tendresse, et lui chanter de tout mon cœur : Salve Regina… Marie, montre moi Jésus, le fruit béni de ton sein, aide-moi à finir cette journée dans la confiance, assurée de la présence indéfectible du Seigneur en moi.

Sœur Dominique