24h au Noviciat
Comment se passe le Noviciat
Au cours de la petite cérémonie qui marqua mon entrée au noviciat, j’ai demandé à faire l’essai du genre de vie des Filles de Marie, ce qui me fut accordé. Cela signifiait: apprendre à connaître la Règle de Vie, à vivre selon les conseils évangéliques de chasteté, pauvreté et obéissance, découvrir la vie communautaire et être fidèle à la prière. Chaque journée est une mise en pratique de cet engagement de la novice, à travers les enseignements reçus, comme à travers l’expérience quotidienne.
Concrètement, j’ai un emploi du temps, mais attention! Toute ma journée n’est pas chronométrée! D’abord, cela ne veut pas dire que je suis occupée toute la journée, non, j’ai du temps pour mûrir et cheminer à mon rythme, car finalement, le plus fatigant dans une journée de novice, c’est le travail intérieur qui nécessite des ruptures par rapport à la famille, aux amis, à une profession, à des loisirs, etc. Il s’agit plus d’être que de faire. Adèle de Trenquelléon, notre fondatrice, le dit dans les termes de son époque:
« Voici donc votre travail pendant le noviciat: travailler à votre perfection, c’est là votre grande affaire, la première de votre étude, celle à laquelle doivent se rapporter toutes les autres » (Lettre du 20 octobre 1824).
Et puis cet emploi du temps n’est pas un carcan, il me donne les repères dont j’ai besoin mais ne me déresponsabilise pas.
Prenons la journée du vendredi: la première moitié de ma matinée est consacrée à Dieu, on ne peut pas mieux commencer une journée!! Après le lever (6h10) et le petit-déjeuner, je me retrouve pendant une heure dans la chapelle avec les Soeurs pour l’oraison. Puis nous chantons ensemble les laudes (7h45). Cette prière de l’Eglise, en même temps qu’elle reconstitue la communauté en Corps, est aussi le premier exercice communautaire: chacune y prend sa place, selon la diversité de ses dons. Comme les autres jours de la semaine (excepté le jeudi où l’Eucharistie est célébrée dans notre chapelle), nous participons à la messe paroissiale (8h30). Au retour de la messe commencent les activités: j’étudie l’histoire de l’Eglise, en alternance avec l’histoire de la spiritualité, et une Soeur m’aide à faire le point de temps en temps, nous échangeons sur ce que j’ai découvert, nous faisons le lien avec l’actualité… Après une pause, la maîtresse des novices m’introduit à la Règle de Vie: nous la lisons ensemble, elle répond à mes questions et m’aide à assimiler l’essence du charisme marianiste et la façon concrète de le traduire aujourd’hui.
Le déjeuner clôt la matinée d’études, c’est un temps de partage communautaire où nous pouvons rendre compte de ce que nous vivons, apprendre à connaître chacune et nous détendre dans la bonne humeur. Au début de l’après-midi, un temps personnel est consacré à la sieste (mais si, mais si, le noviciat c’est fatigant!), à une promenade en compagnie de la Vierge Marie par le chapelet, etc. Une fois par semaine, souvent le vendredi, je rencontre la maîtresse des novices pour un temps d’accompagnement spirituel: je relis avec elle les jours passés, lui expose joies et difficultés rencontrées, et elle m’aide à avancer. Et puis rien de tel que quelques tâches ménagères pour reposer l’esprit: ce jour-là, je passe la serpillière à l’étage du noviciat! Ensuite, j’ai soit une réunion d’aumônerie à préparer pour le lendemain (je contribue ainsi à la mission apostolique de la communauté), soit je joue avec une Soeur ancienne au Triomino ou au Rummikub, c’est l’occasion de se mettre à son école: 70 ans de vie religieuse, et pas une ride au coeur!
Et la journée tire à sa fin, avec une temps de lectio divina (lecture priée de la Bible), un moment de prière silencieuse dans la chapelle, l’office des vêpres (18h45), le dîner, du temps personnel, et les complies. Et, dans le grand silence du soir, « Dieu comble son bien-aimé quand il dort » (Ps 127, 2)!