Témoignage de Sœur Marthe
« Marie, sur le chemin de ma vie »
Soeur Marthe, pouvez-vous nous parler de votre vocation, de quelle manière avez-vous entendu l’appel ?
Pour répondre à la demande qui m’est adressée, je voudrais relire dans la foi les différentes étapes de ma vie en soulignant les moments lumineux où la présence maternelle de Marie m’a aidée à grandir dans l’amour et la confiance filiale envers Elle. Ce sont pour moi des points de référence pour les jours gris et les difficultés de la vie.
Issue d’une famille profondément chrétienne, j’ai eu la chance de voir Marie entrer dans ma vie dès ma plus tendre enfance, comme par osmose. Dans ma famille, j’ai appris à l’aimer, à l’invoquer, à la chanter et à la fêter. En famille, durant les longs mois d’hiver, nous récitions le chapelet ; il fallait le faire, même si pour les enfants, ce n’était pas forcément avec ferveur, mais il était clair que pour nos parents, cela comptait beaucoup. Je vois encore mon père à genoux, égrenant son chapelet, son attitude en disait long. Ses dernières paroles, quelques heures avant sa mort sont pour moi comme son testament : « Mes enfants, dites le chapelet. ». Toute mon enfance et mon adolescence se sont écoulées dans cette atmosphère mariale. Marie était là pour m’apprendre à prier et m’initier à la vie sacramentelle.
Vous soulignez donc une atmosphère familiale très marquée par la foi, la prière à Marie. Y-a-t-il eu des moments plus précis où l’appel à la vie religieuse a retenti pour vous ?
Très tôt, Marie m’a rendue attentive à l’appel personnel de Jésus à le suivre de plus près. Le premier appel a résonné lorsque ma sœur aînée m’a confié son intention de devenir religieuse. J’ai pensé : « Pourquoi pas moi ? ». Cet appel est devenu plus conscient au moment de ma profession de foi, vers l’âge de 14 ans. A 15 ans, j’ai eu le bonheur de faire mon premier pèlerinage à Lourdes. Là, j’ai vécu une rencontre privilégiée avec Marie ; je lui ai offert ma vie, lui confiant mon projet qui était le sien.
Marie m’a accompagnée dans ma recherche et le choix de la famille religieuse. Avec elle, j’ai fait une neuvaine à l’Esprit Saint. Marie suivait mes pas et veillait sur moi durant ces longues années d’attente et de maturation.
Vous avez mis un certain temps pour réaliser votre désir ou plutôt pour répondre au désir de Dieu.
Oui, il a eu beaucoup d’obstacles à surmonter ! Mais la Parole continuait à résonner en moi : « Rien n’est impossible à Dieu ». J’ai eu la chance de pouvoir cheminer avec un groupe de jeunes filles en recherche de vocation et j’en ai reçu un soutien.
Puis ce fut le temps du noviciat :Marie était là et m’éduquait à la vie de foi. Je revois le mot OUI écrit au tableau de notre salle d’étude : il m’a souvent interpellée et remise en route. La découverte du charisme marianiste m’a remplie de joie. Certains passages de l’Evangile prenaient du relief : l’Annonciation, Cana, le Calvaire. Accueillir Marie dans notre vie, dans ma vie, vivre attentive à sa présence a été pour moi, dès les premières années de ma vie religieuse, un don que j’essayais d’accueillir humblement avec les mains et le cœur bien ouverts.
De quelle manière vivez-vous cela dans votre vie apostolique ?
Je peux témoigner que partout Marie m’a accompagnée sur le chemin de la mission. Ainsi à Lons-le-Saunier dans mes études d’infirmière puis à Ajaccio où j’ai fait mes premiers pas comme catéchiste. Quand toute timide, je me suis trouvée pour la première fois devant un groupe de filles et en présence de la maîtresse, j’ai vraiment eu besoin de la main de Marie pour ne pas déserter mais pour ouvrir la bouche et annoncer l’Evangile. Dans les diverses communautés où j’ai été envoyée, à St Médard, Villecresnes et maintenant à Vierzon, je sais Marie présente à mes activités apostoliques : rencontres avec les enfants, partage de la Parole avec les parents, accompagnement des Fraternités marianistes, Groupe Foi et lumière. Je la sais aussi présente dans ma vie de communauté, dans les relations avec mes soeurs.
Marie est toujours présente sur le chemin de ma conversion permanente, elle me conduit sans cesse à Jésus. Comme elle le fit à Cana, elle lui présente mes limites, mes faiblesses, elle m’enseigne le chemin de la confiance.
Quand on a déjà beaucoup d’années de vie religieuse derrière soi, quel désir garde-ton au fond du cœur ? A-t-on encore des choses à découvrir ?
Au fond de mon cœur se trouve un grand désir : celui d’accueillir toujours plus profondément le don de Dieu, de répondre au désir de Jésus qui me dit « Voici ta mère ». Avec Jean, je veux la prendre chez moi. C’est le sens de la consécration renouvelée chaque jour : vivre en alliance avec Elle, me laisser former à la ressemblance de son Fils bien aimé, pour remplir une mission féconde dans la vigne du Père.
Sœur Marthe